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Rocky V à travers une perspective soufie

Souvent critiqué comme étant le moins réussi de la saga Rocky, ce cinquième opus s'avère pourtant être le plus profond en ce qui concerne le développement du personnage principal, interprété par Sylvester Stallone.

 

Sorti sur nos écrans en 1990, soit cinq ans après le succès phénoménal de Rocky IV, qui fut un blockbuster mondial et le plus lucratif de la série, Rocky V se distingue par sa dimension introspective.

 

L’intrigue de ce cinquième volet débute immédiatement après la conclusion de Rocky IV, où le boxeur a triomphé contre son adversaire le plus redoutable de la série, Ivan Drago, incarné par Dolph Lundgren.

 

Bien que Rocky IV ait été un succès commercial indéniable, il est également l'épisode qui a reçu le plus grand nombre de critiques négatives de la part des experts du septième art. Les critiques ont reproché à Stallone d'avoir dépeint un Rocky dépourvu de profondeur, soulignant la quasi-absence de dialogues et l'abus de séquences montées sous forme de clips musicaux, réduisant le film à un simple divertissement, privé d'âme.

 

Cela dit, le combat final de Rocky IV demeure aux yeux de beaucoup de critiques, le plus grand duel de boxe jamais filmé à ce jour.

 

Mais revenons à Rocky V.

 

Dans cet épisode, Stallone souhaitait revenir aux origines de la saga. Il convient de rappeler que le premier Rocky avait été nommé dix fois aux Oscars en 1977, remportant trois récompenses, dont celle du meilleur film et du meilleur réalisateur, attribuée à John G. Avildsen. Il est également important de noter que Stallone a écrit les scénarios de tous les épisodes de la série.

 

Réalisé par John G. Avildsen (bien que certaines sources suggèrent que Stallone aurait pris la direction du tournage), Rocky V fut un échec, tant sur le plan des critiques que sur celui du box-office. Les fans, qui espéraient retrouver l’adrénaline des troisième et quatrième volets, furent déçus.

 

Personne ne souhaitait voir un Rocky affaibli, loin des rings.

 

Cependant, c'est précisément dans cet épisode que se trouvent les enseignements les plus riches concernant le parcours d’un homme dans ce monde de luttes incessantes.

 

Au début de l'épisode, Rocky émerge, meurtri, de son combat contre Drago. Les médecins lui diagnostiquent des lésions cérébrales, l’empêchant ainsi de remonter sur un ring. Dans plusieurs scènes du film, Rocky est accablé par des migraines incessantes qui l'affectent profondément, tant sur le plan physique que psychique.

 

Première leçon : la résilience face à la maladie et à la douleur chronique.

 

Comme si cela ne suffisait pas, Rocky perd toute sa fortune amassée au fil des ans, à cause de mauvais investissements réalisés par son beau-frère Paulie, interprété magistralement par Burt Young.

 

Deuxième leçon : sur terre, rien n’est acquis; Dieu élève et abaisse, et Il nous éprouve à travers nos biens matériels.

 

Vient ensuite la désillusion. Ayant perdu son mentor Mickey, incarné par Burgess Meredith, des années auparavant, Rocky tente de transmettre l’art de la boxe à un jeune combattant prometteur, Tommy Gunn, interprété par Tommy Morrison, champion du monde de boxe poids lourds WBO en 1993. Mais ce dernier se révèle rebelle et finit par trahir Rocky.

 

Troisième leçon : l’épreuve des relations humaines, où Dieu nous enjoint de nous attacher exclusivement à Lui et de faire abstraction des trahisons de certaines personnes rencontrées sur notre chemin.

 

Accablé, Rocky trouve réconfort auprès de sa femme, qui lui murmure une phrase empreinte de sagesse : « Tu n’es pas Mickey, et Tommy n’est pas toi. » Cette désillusion peut également être ressentie par un maître spirituel (Mourshid) accompli, qui ne trouve pas de disciples capables d'atteindre son niveau. Un Mourshid qui a été fidèle et loyal envers son propre maître ne sera jamais ce dernier, et ses disciples ne seront jamais lui, dans le sens où il ne trouvera jamais chez eux la même loyauté et détermination qu'il avait envers son propre maître.

 

Rocky subit ainsi les plus grandes épreuves que peuvent connaître les aspirants soufis : la maladie chronique, la perte des biens matériels, la désillusion face aux êtres chers, et la perte d'un maître spirituel, ce qui est particulièrement déstabilisant lorsque ce dernier a veillé sur nous tout au long de notre parcours. Cet épisode nous ramène à la réalité de ce bas-monde (Dounya).

 

Finalement, c'est auprès de sa femme et de son fils que Rocky retrouve la paix du cœur. On y voit également l’importance de se recentrer sur l'essentiel et de délaisser intérieurement le superflu qui encombre notre cheminement spirituel.

 

Dans le sixième volet, Rocky perd sa femme, emportée par un cancer, ce qui nous renvoie de nouveau à la tristesse que procure la perte d’un être cher.

 

La tragédie divine se répercutera également sur les acteurs du film, certains d'entre eux connaissant une fin prématurée. Parmi eux, on compte Tommy Morrison, décédé en 2003 des suites du sida, ainsi que Sage Stallone, fils de Sylvester Stallone, qui interprétait son enfant dans cet épisode, et qui nous a quittés en 2012.

 

Ainsi, Rocky V se présente comme une leçon de vie pour tous les aspirants au soufisme, où le Seigneur nous rappelle que cette terre est une terre de luttes incessantes, et que nous devons nous efforcer d'attacher notre cœur exclusivement à Lui, car même certaines de Ses créatures peuvent constituer un obstacle à la paix intérieure.

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