
Nietzsche et la mort de Dieu
Pouvons-nous dire que Nietzsche s'était inspiré d'Ibn Arabi ? Tout comme l’avait fait Dante à une époque. A-t’il fait vraiment l’expérience de l’Unique ? Seul Dieu sait.
Mais en quoi consiste la mort de Dieu et la naissance du surhomme dans la philosphie de Nietzsche ?
Dans le degré de la perplexité, le connaisseur commence à comprendre que le Dieu qu’on lui avait vendu jusqu’alors était pur illusion. Ce Dieu des religions. Ça c’est la mort de Dieu.
Mais né à ce moment là le Seigneur caché en lui. Ce Dieu qui n’a rien à voir avec l’image qu’on lui avait proposé auparavant. Mais pour arriver à cela il doit pacifier son nafs. Il devient ainsi Insan Kamil selon la terminologie soufie, d'où surhomme selon la conception de Nietzsche.
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Voici un lien intéressant où l'auteur Michel Joris tente de trouver certaines concordances spirituelles, entre Nietzsche et le soufisme.
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Maintenant penchons-nous de plus près à la philosophie de Nietzsche en essayant de la placer dans une perceptive soufie.
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Plusieurs de ses conceptions sont intéressantes. Nous allons tenter brièvement dans les lignes qui suivent de faire des rapprochements entre le soufisme et la philosophie nietzschéenne.
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La mort de Dieu chez Nietzsche
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Par mort de Dieu, il faut entendre un écroulement de la conception morale de Dieu. Il voulait avant tout extirper de la religion cette conception d'un seul type de Dieu proposé par les croyances monothéistes. Ses attributs et Ses noms sont indénombrables, et Nietzsche s'en prenait aux religieux limitant le Créateur au seul "Dieu père et souverain châtiant les criminels et récompensant les justes". Il dénonce les moeurs, les goûts, la pédagogie et la mentalité représentatifs de la tradition des religions monothéistes. Il y voit même chez beaucoup de savants religieux du charlatanisme (incapables de faire un travail sur leur ego/nafs) ainsi qu'une certaine forme de stupidité malhonnête. Nietzsche, cependant ne s'attaque pas au véritable christianisme qui constitue à ses yeux une forme d'indifférence totale aux dogmes, au culte, aux prêtres, et à la théologie.
Il est important de préciser que Nietzsche était séduit par certains aspects de la personnalité de Jésus et de son Evangile, n'oublions pas que durant sa crise de folie il signait ses billets du nom, le "Crucifié".
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Nietzsche employait des mots assez durs à l'égard de ce qu'il considérait comme les athées modernes, se déclarant "libres penseurs". Ils constituaient à ses yeux des idolâtres troquant la morale chrétienne par une morale moderniste avec tout ce que cela implique. Ces athées, pour lui, voulaient améliorer l'humanité à leur image et leur ego. Cet idéalisme moderne que dénonce Nietzsche se cache sous de multiples facettes (foi au progrès, à la science, au socialisme égalitariste, etc.)
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La figure mythique de Dionysos, lui apparaît beaucoup durant son parcours. Fallait-il voir par là un des attributs de Dieu se manifestant à lui ? Le libérant par là même, de ce Dieu de la morale chrétienne ? Nietzsche avait-il découvert, par expérience intuitive, son Seigneur personnel ?...
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Ce que Nietzsche a voulu faire, tout au long de son oeuvre, c'est de proposer une nouvelle compréhension du sacré.
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Par-delà le bien et le mal
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Pour Nietzsche, il semblait réducteur de limiter le divin à la seule conception de la morale chrétienne proposant un Dieu uniquement bon et juste. Effectivement, Ses noms dépassent le bien et le mal.
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L'éternel retour
Qu'est-ce que l'éternel retour si ce n'est que la conception soufie de Nafsi radiyye (degré de la satisfaction) ?
Pour Nietzsche, le surhomme est celui qui accepterait de revivre sa vie à l'identique même si elle devait se répéter indéfiniment.
Cela rejoint la conception du degré de Nafsi radiyye, où le soufi prend conscience que le but ultime de sa venue sur terre est de parvenir à être satisfait de Lui en étant en total osmose avec Son vouloir.
Le surhomme chez Nietzsche
La proposition du surhomme nous fait étrangement rappeler la conception de l'Insan Kamil dans le soufisme. Cet homme "parfait" qui accomplit un total travail sur son nafs (ego) pour parvenir à découvrir son Dieu personnel.
La volonté de puissance chez Nietzsche
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La volonté de puissance se retrouve également dans le soufisme, où il est demandé à l'aspirant de faire un dépassement de soi (en mettant en oeuvre les moyens de purifier son nafs) afin de renforcer son esprit.
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L'imagination créatrice chez Nietzsche
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La conception de l'imagination créatrice est très présente dans le soufisme (cf. article Contemplation), puisque c'est à partir de celle-ci que s'opère la contemplation. Pour les auteurs soufis, dont notamment Ibn Arabi qui y fait beaucoup allusion, l'organe de l'imagination créatrice est le coeur spirituel. Pour Nietzsche, l'imagination créatrice prend forme à travers l'art. Cette faculté originaire de l'imagination humaine est pour lui digne d'un grand pouvoir de création artistique. Selon Nietzsche, l'art est une extériorisation de la force qui réside chez l'homme créateur. L'acte de création ou de fécondation lui permet l'incorporation de sa propre image dans une matière étrangère. Ainsi chez Nietzsche, le surhomme s'impose comme artiste à travers l'art.
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Conclusion personnelle
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Selon mon humble avis, et Dieu sait mieux, Nietzsche avait eu des aperçus du degré de Nafsi radiyye (degré de la satisfaction) et Nafsi marziyye (degré de la perplexité où les attributs multiples du divins se dévoilent). Il avait pleinement conscience de l'importance de se libérer du dogmatisme, et d'accomplir la tâche de pacifier son nafs. Mais malheureusement, il était livré à lui-même dans ses ouvertures, et n'avait pas un guide solide derrière lui. Ce qui fait qu'il a sombré dans la folie, même si l'origine de sa maladie mentale (voir sa biographie) avait des causes biologiques. Nous pouvons même affirmer qu'il avait un petit côté Malamati...Bien évidemment ça reste un avis purement personnel.
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