Nos pensées
Ne jamais camper sur des certitudes
Nous perdons le combat sur la voie soufie, dès lors que notre nafs nous pousse à camper sur des certitudes. La réalité sur terre n’est ni blanche, ni noire, mais grise. Concernant notre réalité intérieure, quand bien même elle parvient à Le contempler sous différentes facettes, elle ne détiendra jamais toute la vérité. Il est le seul connaisseur, Il est le seul parfait. Connaissons nos limites, évitons les prétentions, seul Lui sait. Nous, nous n’obtenons que des miettes de Sa connaissance.
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Wuqûf zamânî (la conscience du temps)
Elle consiste à être à l’affût de notre nafs, savoir dans quel maqam il se trouve à chaque moment de la journée. Connaître ce qui lui fait défaut à l’instant t, et quel travail on doit accomplir sur son nafs pour surpasser notre maqam. Mais la conscience du temps, consiste également à s’adapter à l’instant présent ainsi qu’aux évènements que nous fait vivre notre parcours de vie. Il s’agit ici d’une adaptation globale (parvenir à adapter son nafs, son esprit et son corps aux attentes de l’instant présent). Ce n'est pas pour rien qu'un adage dit que le soufi est le fils de son temps. Il est également le fils de son temps, parce que son rapport à Lui s'inscrit dans son siècle, son lieu et son époque.
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Wuqûf qalbî (la conscience du cœur)
Ressentir la manière dont Il souhaite que l’on dirige notre cœur vers Lui. Plus nous parvenons à pacifier notre nafs et à écouter notre esprit, plus nous savons l’acte d’adoration attendu de nous.
Par acte d’adoration, nous entendons par là la contemplation exigée au moment présent. Chaque instant correspond à un type de contemplation…contemplation d’un fragment du lahut ? Contemplation directe d’un attribut particulier ? Contemplation du jabarut via sa création ?
Bien évidemment, nous restons des humains. Et nous n’avons pas les moyens de Le contempler 24h/24, à ce moment-là la conscience du cœur consiste à être conscient du rapport de notre nafs à Lui.
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Nazar ber qadam (être attentif à l'endroit où l'on marche)
Selon les maitres de la voie, le cheminant ne doit pas être distrait durant sa marche. Il doit constamment avoir les yeux rivés sur ses pas, et ne pas regarder autour de lui. Cette explication qu'on nous donne de ce principe Naqshbandi est plutôt banale et assez simpliste. En réalité, on attend du cheminant qu'il soit constamment en contemplation même lorsqu'il marche dans la rue. C'est cette connexion permanente intérieure aux mondes du malakut, jabarut et du lahut qui l'empêche d'être distrait, et non le simple fait d'avoir les yeux rivés sur ses souliers.
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L'essentiel
L’essentiel est de parvenir à trouver son propre Seigneur (Rabb), son propre Islam, sa propre Sharia, sa propre Sunna…
Découvrir son Dieu sur-mesure ainsi que Son Prophète sur-mesure…
Cette découverte n’est possible qu’à travers la consolidation de son imagination créatrice qui se perfectionne au fur et à mesure de notre cheminement intérieur.
L’aboutissement a lieu à partir de Nafsi marziyye.
D’ici là il est essentiel de suivre et d’obéir aux règles communes de la voie telles que le dhikr et autres pratiques.
Partir d’un socle commun s’appliquant à tous les cheminants jusqu’à trouver son propre dhikr.
Nous trouverons notre propre dhikr le jour où le voile sera abaissée et qu’ils nous donneront l’autorisation de contempler.
Dès le stade de la contemplation, le dhikr qu’il soit bruyant ou silencieux deviendra un voile entre Lui et nous.
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Un jeu
Dans The Game, brillamment réalisé par David Fincher en 1997, Nicholas Van Orton est un homme d'affaires richissime pour lequel toute surprise n'est qu'une perte de temps. Pourtant, lorsque son frère Conrad lui offre de participer à un jeu mystérieux, il se laisse intriguer. Entré dans le jeu, le triste banquier d’affaires se retrouve vivre malgré lui une série d’évènements inquiétants qui vont bouleverser son univers.
La voie soufie nous ramène toujours à la réalité de la dounya qui n’est que jeu et amusement selon le Coran.
Cette vie d’ici-bas n’est qu’amusement et jeu. La Demeure de l’au- delà est assurément la vraie vie. S’ils savaient !
(29, 64)
Le temps passe tellement vite que le passé peut sembler illusoire…
Il faut également voir le cheminement soufi comme un jeu. Tant que notre nafs/ego n’aura pas réglé ses tendances négatives, notre karma nous fera revivre les mêmes évènements qui nous fâchent jusqu’à ce que nous parvenions à cerner le sens caché de l’épreuve en plus de nous améliorer. C’est un peu comme un jeu vidéo, où il s’agit de réussir certaines épreuves pour franchir les niveaux supérieurs. Les mêmes problèmes se répèteront sous des visages différents. Il suffit seulement de les repérer et de comprendre ce que le divin attend de nous. Il n’y a que de cette manière que le cheminant pourra petit à petit pacifier son nafs. C’est pourquoi chaque rencontre avec le cheikh permet une accélération du karma, ce qui permet à notre nafs de revivre en continu sur un temps condensé des situations qui le mettent à mal.
Des retours en arrière ont ainsi souvent lieu dans la voie soufie, le seul moyen de s’en libérer et de parvenir à faire comprendre à son nafs ce qui lui fait défaut. La compréhension à elle seule ne suffit pas, il faut également mettre en œuvre les moyens nécessaires pour purifier l’ego.
(cf. article La clé pour franchir les degrés du nafs).
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Subtilités des maqams du nafs
La majorité des ouvrages soufis (pour ne pas dire tous) évoquant les maqams du nafs, font l'erreur de présenter le croyant comme devenant quasi-parfait dès qu'il atteint le degré de Nafsi moutmainn. Lorsque nous lisons dans ces recueils les qualités du cheminant ayant franchi le quatrième, cinquième voir sixième niveau du nafs, on a l'impression qu'il ne lui manque plus que la prophétie. Que l'on soit bien clair, la perfection n'existe pas (cf. article Human after all). Nous restons, et nous resterons des humains. De plus, chaque mouride vit un maqam du nafs à sa propre manière. Il faut arrêter de vouloir conformer systématiquement tous les cheminants soufis.
L'homme ayant atteint un niveau du nafs supérieur à Nafsi mulhime se maintient-il toujours dans ce degré ?
Non. Dans la journée, il peut tanguer entre plusieurs maqams du nafs. Mais globalement, il parvient toujours à revenir aisément au degré auquel il est parvenu. Avant Nafsi radiyye, le cheminant est à la recherche d'états spirituels. Alors qu'après, il se demande ce que Dieu va faire de lui.
Quand est-ce qu'a lieu l'extinction du nafs ?
Il n'y a pas d'extinction du nafs, et il n'y aura jamais d'extinction du nafs, sauf au moment de rendre son dernier souffle. Une fois de plus, les paroles des anciens cheikhs soufis (souvent mal traduites et mal interprétées) nous induisent en erreur. Ce qu'il y a, c'est qu'à partir d'une certaine étape, le niveau de contemplation est tel que l'on s'occulte à soi-même pendant que nous la vivons. Mais à la fin de la contemplation, nous retrouvons nos esprits.
Quand est-ce que nous recevons le titre de cheikh ?
Déjà, devenir cheikh n'est pas une fin en soi. Nous pouvons avoir parcouru le Seyr-u suluk (cheminement soufi) dans sa globalité sans pour autant devenir enseignant. Tous les diplômés d'une faculté ne finissent pas prof ! Il y a plusieurs degrés dans la fonction de cheikh. Il faut savoir qu'à partir de Nafsi moutmainn, un cheminant peut obtenir le degré de calife (moqaddem). Il devient en quelque sorte le porte-parole de son cheikh. Dès le cinquième, voire sixième degré, il peut devenir ustad (un cheikh qui montre la voie, mais il ne fait que la montrer). Ce dernier n'a aucun moyen d'intervenir dans la pacification du nafs du cheminant. En fait cela est réservé qu'à ceux qui ont atteint Nafsi safiyye (septième et ultime degré du nafs). Là, ils endossent le titre de Mourshid Kamil (éducateur des âmes). Généralement, c'est à eux que nous faisons allusion lorsque nous parlons de cheikhs soufis.
Est-il possible d'atteindre Nafsi moutmainn sans passer par la voie soufie ?
Alors, ça c'est un mystère. C'est même la question que je me suis toujours posée. Pour la majorité des cheikhs soufis turcs, il n'est pas possible d'atteindre Nafsi moutmainn sans l'aide d'un cheikh. Ils disent qu'un homme peut atteindre Nafsi mulhime, mais pas plus. En réalité c'est Dieu qui guide...Les soufis ont tendance parfois à voir des cheikhs de la mouvance salafiyah comme le diable en personne. Et pourtant, certains d'entre eux décrivent formidablement bien les maqams du nafs venant après moutmainn (notamment radiyye). D'un point de vue personnel, un cheminant s'il est bien guidé et s'il fait de belles rencontres en Dieu, peut atteindre radiyye sans forcément passer par une confrérie soufie. Mais à partir d'une certaine étape dans la contemplation, l'aide d'un Mourshid Kamil est indispensable.
Qui sont les véritables cheikhs soufis ?
La question que l’on doit se poser est plutôt « qui n’est pas un véritable cheikh soufi ? »
N’est pas cheikh soufi, celui qui n’est pas Mourshid Kamil (cheikh accompli ayant atteint le stade de Nafsi safiyye qui est le dernier degré du nafs).
Les Mourshid Kamil sont extrêmement rares, tellement rares qu’il doit en exister que quelques uns à notre époque. Ils ne se contentent pas de montrer la voie, ils interviennent également dans le cheminement spirituel du mouride tout en éduquant son âme.
Beaucoup de personnes tanguant entre Nafsi moutmainn, radiyye, et marziyye pensent qu’ils sont devenus Mourshid Kamil. Alors qu’ils ne sont que des représentants de leur grand cheikh, ou encore des ustad, leur rôle doit donc se limiter à donner des conseils à l'écrit ou à l’oral. Mais pas plus. Pour certains leur nafs leur joue des tours, ils endossent une responsabilité qu’on ne leur a pas donnée, et se précipitent eux-mêmes ainsi que leurs disciples au fond du gouffre tant sur le plan psychique que spirituel. Leur éveil spirituel ainsi que leur Fana Fillah est solide, donc ils peuvent très aisément induire en erreur. Mais en revanche leur nafs ne suit pas leur évolution spirituelle. Et justement parce que leur nafs n'est pas totalement pacifié, ils n'ont pas l'autorisation d'être Moushid Kamil. Écoutez votre cœur ! Votre cœur vous dira si vous avez en face de vous un véritable cheikh soufi. Attention, on vous demande d'écouter votre coeur, pas votre nafs.
Répétons-le, terminer le Seyr-u suluk (cheminement soufi auprès d'un maître accompli) ne fait pas de nous un Mourshid Kamil. Ce n'est pas parce que l'enseignement est terminé au niveau de l'esprit (qui dorénavant vit un Fana Fillah stable) que notre nafs est totalement pacifié. Après avoir fini le Seyr-u suluk, certains sont voués à vivre dans l'anonymat loin des regards. D'autres deviennent des représentants (porte-parole) de leur cheikh, certains deviennent ustad (cheikh soufi pouvant montrer le chemin sans pour autant éduquer l'âme). Très rares ceux qui obtiennent l'autorisation (ijaza) d'enseigner la voie soufie. Ces derniers sont généralement très silencieux, et très cachés.
Ce hadith du Prophète est très important.
Pour les postes de responsabilité, le Messager dit : « Non, nous ne désignons jamais comme responsables des gens qui voudraient l’être. » (Boukhari, 1054)
Celui qui désire devenir Mourshid Kamil, ou qui le clame sur tous les toits est loin de l’être. Le véritable Mourshid Kamil effectue sa fonction malgré lui et à contrecoeur. Et il ne demande jamais rien de ses disciples, ni respect, ni considération, ni dons financiers. Le Mourshid Kamil est celui qui donne sans rien attendre en retour. Son nafs est totalement pacifié.
Que penser de la majorité des confréries soufies où le statut de Mourshid Kamil (en tête de silsila) se transmet de père en fils ?
Il est certain que dans la majorité des confréries soufies où la transmission se fait de père en fils, le secret spirituel finit par disparaître. Ces confréries deviennent plus des associations amicales, spirituelles ou religieuses qu’autre chose. Il n’y a rien à retirer sur le plan « intérieur ». Ce n’est pas là que nous vivrons un véritable cheminement spirituel de a à z.
Mais il ne serait pas correct non plus de les mettre tous dans le même sac.
Quand bien même dans certaines confréries, le statut de grand cheikh passe de père en fils, il doit en exister des sincères.
Généralement, les enfants qui héritent de ce statut, l’obtiennent sans le désirer. Et parce qu’ils n’ont pas voulu à la base cette fonction, et qu’ils ont été contraints d’exercer ce rôle, une baraka spirituelle émane d’eux. Et certains parmi eux sont de véritables maîtres soufis.
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Les maqams du nafs grossièrement résumés
Nafsi emmare : le nafs paumé.
Nafsi levvame : le nafs paumé, mais qui fait de son mieux pour s’améliorer. Pour le coup, s’il y a bien un nafs qui n’est pas blâmable, c’est celui-ci (malgré qu’on l’appelle « le nafs qui se blâme »).
Nafsi mulhime : le nafs un peu éveillé, mais complètement instable sur le plan spirituel.
Nafsi moutmainn : le nafs apaisé, mais parfois tellement apaisé qu’il peut penser tout connaître, alors qu’il ne sait rien du tout.
Nafsi radiyye : le nafs qui lutte pour être satisfait de sa condition et qui a conscience de ses défauts. Le nafs héroïque.
Nafsi marziyye : le nafs agrée, honoré…Et pourquoi honoré ? Parce que ce nafs a enfin compris qu'il ne valait rien. Mais il peut chuter à tout moment.
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Jeux du nafs
Certains soufis se sentent grands quand ils se font petits.
Certains soufis se sentent orgueilleux quand ils affichent leur modestie.
Certains soufis se font égoïstes quand ils font un spectacle de leur amour des autres.
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Malgré le vide
Il est tout à fait normal de traverser des périodes d’occultation durant le parcours. Cette occultation peut se manifester comme un vide intérieur et une absence de rêves. Il ne faut nullement que le mouride soit découragé. En réalité il continue d’avancer durant ces périodes d’occultation. Les visions, les contemplations, les jolis rêves, ne sont nullement des signes d’avancement spirituel. L’important est de parvenir à marcher droit sans ces cadeaux offerts par la voie.
Ces grâces spirituelles peuvent également être une épreuve pour le disciple. Il vaut mieux pour lui s’appuyer sur des choses solides telles que la prière rituelle, accomplir le bien dans son quotidien en aidant les gens, travailler sur son ego (nafs), accomplir ses responsabilités quotidiennes, la soumission à Lui quel que soit ce qu’il vit plutôt que de plonger dans un océan d'illusion…
Le but de la voie soufie n’est pas d’être bercé constamment dans l’amour ! Le but est de Se soumettre à Lui ! C’est cette maturité du nafs qu’on attend du cheminant…
Détrompez-vous, le soufisme ce n'est pas un conte de roumi accompagné de ney et de la danse folklorique des derviches tourneurs ! Le soufisme c'est une voie de lutte, de combat et de souffrance contre ses démons ! C'est des gants de boxe et un protège-dents qu'on nous demande d'avoir constamment sur nous, pas des roses et des bouquets de fleurs. Bien évidemment, il y aura des périodes de repos, des périodes de contemplation de Son amour et de Sa beauté...Mais sachant que cette terre n'est pas la demeure de la stabilité, ils nous demanderont de nous remettre au combat sans plus attendre.
Le but n'est pas d'aimer, dans un premier temps le but est de savoir encaisser. L'Amour vient après, quand Lui le voudra, et pendant la durée qu'Il voudra. Nous on se soumet.
On raconte qu'un mouride vit son cheikh en rêve lorsqu'il débuta sur la voie soufie.
Dans ce même rêve, il demanda à son maître, comment il avait fait pour atteindre ce degré spirituel que le Seigneur lui avait octroyé.
Le cheikh redressa ses manches, et le mouride vit plein de cicatrices recouvrant ses bras.
Le cheikh lui dit que derrière ce sourire et cette apparence lumineuse se cachaient des années d'épreuves envoyées par Dieu.
Il dit même qu'il fut emprisonné dans un île pendant des années, à vivre d'atroces souffrances.
Ce rêve est symbolique, il démontre tout simplement la dureté de la voie.
Les soufis turcs raffolent de l'expression "Gül Peygamberi" ce qui signifie en français "Prophète de rose".
Nous comprenons qu'ils souhaitent mettre l'accent sur la beauté de son message universel.
Mais franchement, a-t-il vu des roses dans sa vie ? Son parcours de vie fut parsemé d'épines justement.
Ils ont demandé à la rose d'où elle tirait son éclat. Elle répondit qu'elle devait sa beauté à ses épines.
Qu'Il nous accorde suffisamment de patience et de soumission dans notre cheminement, afin de rendre notre nafs aussi belle qu'une rose...Amin.
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Attirer le mouride coûte que coûte !
Au départ, Son but est d’attirer le mouride vers Lui. Pour cela Il se sert d’un Mourshid Kamil (cheikh authentique) qu’Il utilise comme canal. Les maîtres authentiques sont extrêmement rares, mais ça c'est un autre sujet. La méthode utilisée par le cheikh est le Tawajjouh (une forme de visualisation à distance accomplie à l’égard de son mouride via la plateforme de l’imagination créatrice où il lui envoie un flux d’énergie spirituelle). On attire toujours les gens en envoyant des délices capables d’apaiser et de rendre heureux le nafs ainsi que l’esprit. Sinon personne ne serait attirée par la voie soufie. Mais une fois que le mouride est engagé, voilà que la porte d’entrée se referme, et il se retrouve seul pris au piège dans une arène. L’adversaire qu’on lui présente n’est autre que lui-même. Il en va de même, lorsque l’on souhaite faire accéder le disciple à un nouveau maqam. On lui présente uniquement dans un premier temps, les faveurs spirituelles de ce maqam. Mais une fois le degré franchi, le mouride se devra de remplir les exigences attendues par lui dans ce maqam. Point de retour en arrière ! Il se retrouve encore piégé !
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Lire
Il est important d'avoir un esprit critique. Tout comme il est important de trouver un équilibre intérieur en s'efforçant de toujours suivre la voie du juste milieu. Le premier verset révélé au Prophète comportait le verbe "iqra" qui signifie lire en arabe. Lisons, instruisons-nous. Mais que ce travail de lecture soit également accompagné d'une lecture de nous-même et de notre nafs. Sinon à quoi bon ? Le but étant de parvenir à trouver sa propre Sharia. Trouvons et vivons notre Islam, notre propre Sharia, notre propre représentation de la Shahada dans sa globalité.
(cf. article Trouver sa propre Sharia)
Concernant l'Islam, privilégions le Coran ainsi que les hadiths authentiques. Concernant la voie soufie, "Enseignements soufis" d'Abd al Qadir al-Jilani, est un ouvrage extrêmement pratique et concis au sujet du parcours.
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Khalwat dar anjuman (la solitude dans la foule)
Parmi les préceptes de la Tarika Naqshbandiyya, il en est un intéressant qui est celui de "la solitude dans la foule", appelé Khalwat dar anjuman.
Déjà, que signifie Khalwat ?
Khalwat signifie "retraite spirituelle". Chaque confrérie, a sa propre vision de la retraite spirituelle.
Le Prophète lui-même en faisait au mont Hira, peu avant, et durant les révélations.
Autrefois, les Cheikhs exigeaient que leurs disciples accomplissent une retraite pendant un certain nombre de jours dans un lieu isolé.
Des dhikrs (litanies) étaient donnés à accomplir durant toute cette période. Ils devaient aussi se nourrir et dormir très peu jusqu'à la fin de leur retraite spirituelle.
Aucune avancée spirituelle, et aucune réalisation n'est possible sans Khalwat. La retraite spirituelle est le b.a-ba de la méthodologie soufie. Mais il existe aujourd'hui différentes manières de l'aborder.
Les Cheikhs Naqshbandis, ont innové dans le bon sens, en instaurant la notion de "solitude (retraite spirituelle) dans la foule".
Pour eux, quel que soit le lieu où l'on se trouve, qu'il soit peuplé ou non, l'important est d'être intérieurement connecté au divin sommeillant en nous. C'est juste, mais pour parvenir à accomplir une retraite dans la foule comme il se le doit, il est nécessaire au préalable d'avoir goûté à la "solitude physique".
D'un point de vue personnel, la retraite spirituelle pratiquée de force dans un lieu isolé pendant un certain nombre de jours, n'est pas efficace au 21ème siècle. Elle peut même être nuisible.
Quelle Khalwat (solitude/retraite spirituelle) pratiquer ?
Maintenant il existe plusieurs types de Khalwat.
La khalwat (solitude/retraite spirituelle) subie du cheminant qui débute
C'est la solitude que nous ne choisissons pas en début de parcours soufi, et que la voie nous fait vivre. Cette solitude peut nuire psychiquement au mouride qui débute, surtout les premières années de son parcours. On dit même que le mouride est accompagné de ses démons intérieurs et de son nafs durant celle-ci. C'est le premier véritable face-à-face avec son ego. Tenter de fuir cette retraite ne ferait qu'empirer la situation. C'est avec Nafsi moutmainn que le mouride parviendra véritablement à gérer et maîtriser cette Khalwat.
La khalwat (solitude/retraite spirituelle) voulue du cheminant évolué
C'est une Khalwat que le mouride désire vivre pour perfectionner sa contemplation. Elle ne rime pas forcément avec le fait de s'enfermer dans une pièce, la porte fermée à clé ! C'est celle qu'il vit naturellement au quotidien, les petites minutes et les petites heures que la vie lui offre pour se concentrer en Lui. La méditation se fait naturellement à partir d'un certain stade. Que nous soyons accompagnés ou non. Et nous pouvons également la pratiquer en étant entouré (d'où la notion de Khalwat der anjuman).
La Khalwat (solitude/retraite spirituelle) que notre parcours de vie nous impose
Dans notre parcours de vie, il y a des périodes de Khalwat envoyées par Lui. On parle ici de solitude non provoquée. Il faut les reconnaître et parvenir à s'y adapter. C'est ces Khalwat qui nous font véritablement progresser, et c'est à celles-ci qu'il faut y attacher de l'importance. Certains y sont préparés, et d'autres non. Comment reconnaître ce type de Khalwat ? Là, il faut écouter son esprit justement. L'esprit saura la reconnaître. Il y a des personnes qui passent leur vie à fuir la solitude. Ces instants de solitude sont des introspections forcées pour elles. Forcément quand elles ont passé des années à collecter et à enfouir inconsciemment des déchets en elles, le jour venu, on ne leur fait pas voir des décors très joyeux. L'esprit n'a rien à leur proposer si ce n'est que le néant. Vous voyez, il n'y a pas besoin de peupler l'enfer de flammes, notre esprit s'il n'a rien à nous offrir, rien que par son absence de vie, peut nous faire vivre un enfer. Le but de la Voie, est justement de nous préparer à ce genre d'évènement que nous fait vivre notre parcours de vie.
L'important est d'arriver à accomplir sa pratique contemplative naturellement, pendant que nous accomplissons les tâches de notre vie quotidienne, sans que personne de notre entourage ne s'en rende compte.
Ceux qui ferment les yeux, qui se mettent dans des postures pour méditer. Ou encore ceux qui récitent haut et fort Son nom dans des réunions soufies en vivant des états extatiques. Croyez-moi, ce ne sont pas forcément eux les plus évolués.
Ses véritables amis sont généralement cachés dans la foule...Personne ne saura les reconnaître si ce n'est que Lui.
Selon une tradition soufie, il arrive même qu'Il soit tellement jaloux de certaines de Ses créatures qu'Il les cache.
Mais cette règle ne s'applique pas pour une grande majorité de cheikhs authentiques, qu'Il fait connaître aux gens. Parce que là justement, ils doivent être visibles. En revanche, les cheikhs authentiques sont extrêmement rares. Et là aussi il faut savoir les reconnaître.
Son secret ne se cache pas forcément là où l'on s'y attend...Sinon ça serait trop facile.
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Merkez Efendi
Cette histoire me fut contée par un frère.
Vivait autrefois un cheikh soufi ayant de nombreux disciples. Pour désigner son successeur, il eut recouru à une méthode assez particulière. Il demanda à trois de ses disciples, ce qu'ils auraient fait si Dieu leur avait donné les pleins pouvoirs.
Le premier répondit qu'il aurait converti toute la population mondiale à l'Islam.
Le deuxième répondit qu'il aurait exterminé les mécréants.
Le troisième répondit qu'il n'aurait rien changé dans le monde, car le plan divin est en soi parfait.
Le cheikh donna à celui qui formula la dernière réponse le surnom de "Merkez Efendi" qui signifie "le Pôle", et le désigna comme son successeur. La tombe de ce cheikh est à Istanbul.
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Le désir de reconnaissance
Beaucoup de traditionalistes raffolent de parler de "châtiment divin". En réalité, s'il devait exister un châtiment divin pouvant conduire une personne à sa perte, c'est bien le désir de reconnaissance. Le désir d'attirer l'attention, d'être reconnu par les autres, est une maladie de l'âme pouvant être fatale sur le cheminement. Shah Naqshband (le fondateur de l'une des plus grandes confréries soufies au monde), disait qu'à la fin de son parcours il comprit qu'il ne valait pas plus qu'un déchet humain. Il faut parvenir à faire accepter à son nafs le mépris et le rejet des créatures, si nous souhaitons pouvoir un jour contempler Son sourire.
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L'intelligence du coeur
Les cheikhs donnent les armes, suscitent l'étincelle qu'il y a en nous, pour que nous puissions avancer.
Mais le reste du travail, c'est à nous de l'accomplir. Et nous ne l'accomplissons qu'à l'aide de deux choses, à savoir l'aide divine et l'intelligence du coeur. Sans intelligence du coeur rien n'est possible.
Le disciple intelligent est celui qui parvient toujours à se recentrer sur soi, en évitant de trop s'éparpiller.
Les gens s'interrogent sur la nature de Dieu, d'autres s'interrogent sur la venue d'un Messie.
Combien sommes-nous à nous interroger sur notre nafs ? Pas besoin de se lancer dans des réflexions métaphysiques pour avancer, parvenons déjà à lister tous les évènements qui nous ont irrités ou attristés durant une journée et ça sera déjà un grand pas.
Tout commence en nous, et tout se termine en nous. Pas chez les autres. Pas à l'extérieur. Pas dans les ouvrages des grands maîtres, ou dans les récits eschatologiques. Pas non plus dans l'actualité mondiale.
(cf. article La clé pour franchir les degrés du nafs).
Efforçons de connaître notre nafs/ego, jusqu'à en devenir son juge.
Pas besoin d'accomplir des pérégrinations, toute la voie se passe dans notre quotidien, ici et maintenant.
Le mouride intelligent sait que Dieu n'est pas un comptable. En effet, le soufisme est une science illogique. Contrairement aux mathématiques nous ne sommes pas dans une logique de calcul où 1 + 1 = 2. Et pourtant beaucoup de gens tenteront de vous faire croire que plus vous pratiquerez le dhikr quotidien, plus vous participerez aux réunions spirituelles, et plus vous avancerez. Cette logique est valable dans le travail, le sport, les études...dans tout, sauf avec le divin qui sommeille en nous. Persister à croire que Dieu est dans une logique comptable, signifierait que nous maitrisons notre rapport à Lui, et cela constitue un crime impardonnable dans la voie. Nous ne maitrisons pas notre rapport à Lui ! Le secret divin peut se cacher dans les faits, les gestes, les lieux, et les personnes chez qui nous nous y attendons le moins. Remémorons-nous le plus souvent possible la rencontre de Moïse avec le Khidr.
Le mouride intelligent sait ce qui est utile dans son propre parcours, il marche léger en délaissant le reste. Son attention est fixée uniquement envers son propre nafs, il scrute ses propres défauts avant de contempler les mondes invisibles. Le mouride intelligent sait ce que le divin sommeillant dans son coeur attend de lui.
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La prétention de certains soufis, ces pharisiens modernes
Prétentieux est le soufi adhérant à une confrérie et se réclamant de la Vérité tout en dénigrant la réalité des autres. Le soufi phobique est celui qui a peur de l’autre. Cet autre qui représente pour lui une menace pouvant ébranler son confort spirituel.
Qui sommes-nous pour prétendre Le connaitre alors qu’en cette vie nous ne pouvons obtenir que des miettes de Sa connaissance ?
Personne ne détient le monopole de la Vérité.
Détenons le monopole de notre propre Vérité en acceptant la réalité de chacun.
On nous demande de trouver la Réalité enfouie en nous et non celle des cieux.
Notre réalité intérieure contient des univers infinis.
Gardons le silence, évitons de juger l’autre avec notre langue et nos pensées.
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Juste une vie et tant de rêves...
Une profonde pensée s'échappe de ces vers mélancoliques.
Je relate mon passé comme l'aurait fait un écrivain alcoolique.
Trop de soucis, trop d'ennuis, alors pour oublier j'écris.
Je passe mes nuits, à me poser, plein de questions sur cette vie.
Mais un soir, mes yeux se sont fermés et un instant j'ai cru aimer.
Mais en fait je m'étais trompé, ce n'était qu'un rêve que de courte durée.
A vive allure j'ai été pris de vitesse, dépassé par les évènements.
Je n'ai même pas pris le temps d'apprécier les rares bons moments.
Franchement il y a tellement de choses que j'aurais dû faire, mais que je n'ai pas fait.
Et si ma vie était à refaire, je ne connaitrai plus aucune défaite.
Trop souvent j'ai l'impression, d'être passé à côté de plein de choses.
Et que trop de choses se sont passées, et cela contre mon gré.
Je n'ai jamais cru aux sentiments, car les sentiments font que tu t'attaches.
Te faisant perdre un peu toi-même, laissant la rage comme héritage.
Depuis, chaque minute qui passe, me rappelle pleine de mauvaises images.
Si je me souviens bien, dans ce monde on est juste de passage.
Et le jour où je partirai, sans rancune mec, je m'en irai.
Malgré que je n'aurais jamais connu l'amour et ses regrets.
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Mon coeur contient en lui, toute la tristesse d'une vie.
Alors mes vers sont poésie, et mes récits sont tragédies.
Quand je repense à ceux que j'ai connu, et que je ne revois plus.
Le bonheur et ses vertus, aujourd'hui je n'y crois plus.
Parfois je me demande même s'il n'est pas le temps de se repentir.
Chercher à s'en sortir, plutôt que de s'autodétruire.
Le jour du jugement dernier, que Dieu ait pitié de mon âme.
Qu'Il me pardonne tous mes péchés ainsi que mes fautes graves.
À vive allure - Intouchable
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